week end procrastinatif

Ecoute matinale du directeur de la fnac, Denis Olivennes, qui parle des nouvelles formes de distribution des produits culturels à la sauce "long tail" (longue traîne, concept créé par Chris Anderson, le nouveau Marx de l'économie numérique des connaissances, dans un article de la revue Wired)

émission Masses critiques de France Culture

Cette idée est d'autant plus à la mode qu'elle se traduit par une courbe simple de pareto (les milliers d'obscures références qui peuplent les couloirs d'amazon, même vendues une ou deux fois, générent plus de revenus que les quelques blockbusters sous perfusion) sensée remplacer la courbe de gauss qui régissait la distribution de ce type de produits jusqu'à présent, une nouvelle exception culturelle?

L'idée de la démocratisation de la culture, l'accès à une culture populaire de qualité (les 20% de titres blockbuster draînant 80% des revenus et de l'audience l'étant plutôt de mauvaise), serait désormais de faire en sorte que l'accès à cette traîne de mariée ne reste pas un privilège de bobos privilégiés en situation d' "egocasting" ultra individualisé (cf l'article de Christine Rosen avec le lien dans le post culture extra scolaire)
Tout le monde devrait pouvoir toucher la robe de la mariée, de près comme de loin, avec des nouveaux dispositifs de diffusion pour garnir les rangs du cortège

Comment inventer des références partagées?
autrement que par la culture officielle (la france d'en haut parle à celle d'en bas, les français aux français) ou le soap opera (la société du spectacle permet une rencontre fructueuse entre Star Ac', maisons de disque et public conquis d'avance)...

J'ai pu découvrir ainsi le concept de "ventre gras" dans la traîne, la partie du milieu quand la courbe décolle, image qui devrait parler aux yaux comme aux porte monnaie.

On pourrait alors imaginer qu'en prenant la main sur les dispositifs médiatiques de bouche à oreille et la production, les créateurs pourront faire partager des oeuvres à un plus grand nombre que l'avant garde éclairée stricto senso (myspace+spectacle vivant = nouveaux publics pour nouveaux artistes)

Ca rejoint les préoccupations de Dominique Wolton pour qui, malgré tous ses défauts, la télévision offre un univers de références communes à des couches sociales qui passent le reste du temps à s'éviter, la toile permettrait peut-être de tisser des préférences entre personnes pas forcément similaires

une autre idée prise sur le feu
"dans la religion livre, le poids des best seller a baissé
on observe une baisse du nombre de simples croyants - ce qui lisent de temps en temps
et un maintien du nombre de pratiquants - ce qui lisent "obstinément""
j'aime bien l'idée de lire "obstinément"
j'imagine un vieux têtu qui se cogne la tête contre son livre, c'est dur d'avoir la tête plus dure que le papier

un vieux tigre de papier qui ronronne encore